Pour commémorer la Journée internationale de lutte contre l'islamophobie, le SESRIC a organisé la deuxième édition de la série « SESRIC Talks » qui a réuni des représentants de haut niveau du corps diplomatique, des experts éminents et des participants d'institutions internationales et nationales turques.

L'événement vise à sensibiliser le public à l'intolérance, aux discours de haine et à la discrimination à l'encontre des musulmans et à encourager les pays membres de l'OCI à prendre les mesures nécessaires pour lutter contre l'islamophobie.

 

Les discussions du SESRIC ont accueilli S.E. l'Amb. Mehmet PAÇACI, Envoyé spécial du Secrétaire général de l'OCI sur l'islamophobie, en tant qu'orateur principal. Le Prof. Dr. Enes BAYRAKLI, Directeur du Département de sciences politiques et de relations internationales de l'Université turco-allemande et co-rédacteur en chef du Rapport européen sur l'islamophobie (EIR), et Mme Amina Smits AKILMA, contributrice à l'EIR, se sont également joints à S.E. l'Amb. Amb. PAÇACI en tant que participants lors de la séance de discussion qui a porté sur le phénomène de l'islamophobie à travers une analyse complète révélant les tendances mondiales en matière de discrimination et de préjugés à l'égard des musulmans.

 

Dans son allocution de bienvenue, S.E. Zehra Zümrüt SELÇUK a évoqué la situation à Gaza tout en soulignant l'urgence d'agir pour mettre fin au génocide en cours en Palestine. Elle a également mis en évidence l'escalade inquiétante de l'islamophobie dans le monde. Les événements récents, notamment le génocide en Palestine, ont encore accentué ces tendances, soulignant l'urgence d'efforts internationaux collectifs pour lutter contre l'islamophobie. En outre, S.E. SELÇUK a également commémoré la victoire du 18 mars à Çanakkale (Gallipoli) et la Journée des martyrs de la République de Türkiye, marquant l'un des moments les plus héroïques et les plus déterminants de l'histoire de la Türkiye. La victoire de Çanakkale est devenue un symbole de la détermination à protéger la patrie, à l'instar des Palestiniens qui, malgré des attaques brutales, continuent de se battre pour défendre leur propre terre. À cet égard, elle a appelé tous les musulmans à se serrer les coudes, jeunes et vieux, femmes et hommes, unis de cœur avec la Palestine.

 

Dans son discours liminaire, S.E. l'ambassadeur Mehmet PAÇACI a souligné le rôle essentiel du multilatéralisme dans la lutte contre la haine antimusulmane. Il a réaffirmé l'engagement de l'OCI à soutenir les principaux cadres internationaux, notamment la résolution 16/18 du Conseil des droits de l'homme des Nations unies, le Plan d'action de Rabat et la Stratégie des Nations unies sur les discours de haine. Il a également souligné l'importance de la gouvernance numérique, des contre-discours, de la responsabilité et des mesures législatives dans la lutte contre l'islamophobie. Face à la montée mondiale des incidents de haine antimusulmans, l'ambassadeur PAÇACI a appelé les gouvernements, la société civile, les entreprises technologiques et les organisations multilatérales à agir collectivement pour freiner la propagation et l'amplification des discours de haine.

 

Au cours des discussions, le professeur Enes BAYRAKLI a souligné que l'islamophobie est de plus en plus reconnue comme une forme distincte de racisme antimusulman à l'échelle mondiale. Il a noté que les Nations unies ont officiellement reconnu l'islamophobie comme une question urgente. Cependant, les principales organisations internationales n'ont pas encore pris de mesures décisives pour reconnaître et combattre cette forme de discrimination. Le professeur BAYRAKLI a souligné l'urgence de la reconnaissance politique et juridique de l'islamophobie pour contrer le déni et l'inaction généralisés. Il a également partagé les principales conclusions du dernier EIR, révélant que 47 % des musulmans en Europe sont victimes de discrimination raciale, 39 % sont victimes de discrimination dans l'emploi et 35 % sont confrontés à des obstacles dans l'accès au logement. En outre, les femmes musulmanes qui portent le hijab sont touchées de manière disproportionnée par les pratiques discriminatoires.

 

Mme Amina Smits AKILMA a abordé les réalités sous-estimées de l'islamophobie. Elle a souligné que l'islamophobie va au-delà de la violence physique pour inclure l'exclusion systémique et la manipulation des expériences musulmanes, ce qui contribue à une marginalisation sociétale plus large et à l'internalisation de l'islamophobie au sein des communautés touchées. Elle a également mis l'accent sur le manque criant de représentation des musulmans dans l'éducation et la société en général, renforçant ainsi les défis structurels auxquels sont confrontées les communautés musulmanes. Pour remédier à ces problèmes, elle a appelé à la mise en place urgente de mécanismes indépendants de signalement de l'islamophobie dans le monde entier. Elle a également souligné la nécessité d'une plus grande représentation des musulmans dans tous les secteurs de la société et a plaidé pour la reconnaissance de l'autonomie des musulmans en matière religieuse au sein des États démocratiques.

 

L'événement s'est conclu par un riche échange de questions et de remarques de la part des participants, qui ont apporté des contributions précieuses à la deuxième édition de la série SESRIC Talks. Après l'événement, tous les participants ont poursuivi leurs échanges lors du dîner Iftar organisé par le SESRIC.